Située dans le sud de la France, le long de la côte méditerranéenne, la Camargue est la principale composante territoriale du delta du Rhône. Cette vaste plaine inondable de plus de 190,000 ha comprend des habitats naturels tels que des lagunes, des marais d’eau douce ou saumâtre avec une végétation émergente ou aquatique, ainsi que des garrigues et des steppes halophiles. Ces écosystèmes sont entremêlés d’agro-systèmes dominés par des rizières et d’autres cultures irriguées, notamment des vignobles et des arbres fruitiers. Grâce à un réseau complexe de canaux d’irrigation et de drainage, 730 millions de mètres cubes d’eau sont pompés du Rhône en moyenne chaque année pour compenser l’endiguement du fleuve, éviter la salinisation du sol et améliorer la production primaire (surmonter la sécheresse estivale). La moitié de cette eau est restituée au Rhône par des canaux de drainage, l’autre moitié étant évacuée vers la principale lagune de Camargue, le Vaccarès. Cette eau, principalement pompée pour la riziculture, est également utilisée pour l’inondation des marais, la chasse au gibier et la récolte des roseaux, ainsi que pour l’irrigation des prairies humides. Il a été démontré que les pesticides utilisés pour la riziculture affectent la biodiversité, mais les options de gestion visant à réduire l’utilisation des pesticides (agriculture biologique, semis à sec, inondation hivernale) ayant un impact positif sur la faune et la flore sont de plus en plus populaires. 

Les écosystèmes des zones humides de Camargue sont importants pour une série de services écosystémiques de régulation tels que la régulation du climat, l’atténuation des inondations, la purification de l’eau et le cycle des nutriments. Ils fournissent également d’importants services d’approvisionnement et culturels par le biais de l’agriculture, de la pêche, du pâturage du bétail, de la chasse à la sauvagine et de l’observation des oiseaux. Chaque type d’habitat dépend différemment de la gestion de l’eau et résiste aux fluctuations des niveaux d’eau et de la salinité. Des facteurs externes influençant l’utilisation des terres agricoles (par exemple la réforme de la PAC, l’évolution du marché mondial du riz ou des biocarburants) ou les conditions hydrologiques (augmentation de la salinité dans l’estuaire du Rhône, diminution des précipitations due au changement climatique, élévation du niveau de la mer) affecteront les fonctions, la biodiversité et les services de ces habitats, avec des compromis potentiels entre les services d’approvisionnement, de régulation et les services culturels. Par exemple, la gestion des zones humides pour la chasse au gibier a entraîné l’imposition de conditions hydrologiques contraires aux cycles naturels. Cela affecte la flore et la faune méditerranéennes indigènes adaptées aux zones humides saumâtres saisonnières et accroît la vulnérabilité aux espèces végétales envahissantes. L’inondation d’habitats tels que les rizières, les marais de chasse et les prairies humides pendant les saisons chaudes augmente encore l’abondance des moustiques, avec des effets délétères sur l’écotourisme, et altère la capacité globale de réduction du carbone des zones humides en Camargue. En outre, des pratiques de pâturage inadéquates peuvent entraîner une grave dégradation de l’habitat lorsqu’elles sont associées à une gestion hydrologique inappropriée.